« Messe » alors!

8 janvier 2013

« Messe » alors!

La messe du dimanche est indiscutablement un des plus grands « laboratoire-humain » du Cameroun. Sans doute aussi un des plus loufoques.

Au programme, des types : hommes et femmes, des moins de 7 ans aux plus de 77 ans. Des noirs bien sûrs, mais aussi des « bruns », des « rouges » ou guinguerous , des café-au-lait ; et plus rarement des « bleus » dixit le langage vernaculaire particulier du pays pour décrire les différentes couleurs de peaux. C’est également, un défilé de mode sous le prétexte louable de « habits du dimanche » comptant chapeaux dignes de la monarchie britannique, récents modèles de chaussures d’hommes type italien -alias pointininis – ou talons aiguilles, mini-jupes, bijoux, sacs de marque … Lors de la création, le seigneur avait vraiment bien pensé : il faut de tout pour faire un monde !

Aussi, à l’endroit même où est enseigné de ne point juger son prochain, que dire de ceux qui s’endorment victimes des séquelles de leurs longues promenades nocturnes ? Difficile de ne pas porter attention. Les odeurs d’alcool à peine cuvé se battent encore en duel contre les haleines parfumées au bouillon de tripes, p’tit dej prisé après une soirée bien arrosée, et étape de transition idéale avant l’église. La messe ou comment s’acheter une bonne conscience…

Des prières certes, mais également beaucoup de show off ! Il n’y a qu’à constater. Bien des familles moyennes voient chaque année un des leurs mourir de maladie, faute de n’avoir pas pu réunir les fonds pour les soins nécessaires à sa guérison. Par la suite, révoltant est de constater que toutes leurs connaissances sont alors prêtes à contribuer pour que l’enterrement du même sujet soit somptueux et mémorable. La vérité est que dans les mœurs locales, la mort des uns n’est souvent qu’une nouvelle occasion de sorties et de démonstrations pour les autres.

L’enterrement a parfois lieu 5 semaines après car il faut du temps pour mettre d’accord les familles maternelle, paternelle et par alliance. Sans compter les cousins « élastiques » qui adorent chipoter sur les détails des obsèques dans le but de manifester leur soudain attachement au défunt et parvenir à des desseins plus complexes. Les deuils sont ainsi les rendez-vous par excellence de règlements de compte entre personnes rivales et de rencontres de « frères-et-soeurs-qu-on-ne-soupçonnait-pas » car issus de vies parallèles. A ces coming out les plus inattendus motivés par l’héritage, viennent se greffer de belles prestations d’acteurs amateurs dans un rôle mélodramatique, la curiosité malsaine envers le malheur des autres et les versions fantasmagoriques entourant les circonstances du décès.

Le Cameroun, le seul pays au monde où on ne meurt jamais de « mort naturelle » – même à 92 ans – et qui totalise de facto 40% de musulmans, 60% de chrétiens et 100% d’animistes.

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