Le retour à l’école 2016, « rentrée » vers le droit chemin ?

2 octobre 2016

Le retour à l’école 2016, « rentrée » vers le droit chemin ?

MON COUP DE GUEULE

Pur produit du groupe scolaire publique Joss de Douala jusqu’à mes 16 ans, je me souviens de la rigueur et de la discipline qui prévalaient à mon époque. Je me souviens du respect qu’on avait pour les enseignants et autres autorités, de la peur de la chicotte qui savait résonner en temps utile, de la confiance en nos institutions scolaires qui nous permettait de dire qu’il s’agissait d’un bien meilleur cursus que celui des français de Dominique Savio. Je me souviens de la fierté qu’on éprouvait à saluer notre drapeau tous les lundis matin, chantant haut et fort l’hymne du Cameroun, « berceau de nos ancêtres ».

Je me souviens des livres qui restaient plusieurs années au programme et par conséquent, que nous nous devions de bien entretenir afin de les léguer, échanger ou vendre à ceux qui nous suivaient. Je me souviens enfin de cette tenue scolaire bleue qui nous transmettait les valeurs d’humilité et d’égalité entre citoyens d’une même nation ; De la peur que nous avions d’arriver au lycée autrement que la jupe au-dessous du niveau des genoux, les cheveux tirés ou soigneusement nattés, les ongles courts et naturels, le corps et le visage démunis de tout bijou ou accessoire. Il fallait se conformer. Et même les élèves les plus rebelles, une fois loin de tous regards, savaient que c’était pour notre bien commun, qu’on nous préparait pour l’avenir de ce qui nous paraissait alors un Grand Cameroun.

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Depuis, le système éducatif publique camerounais semble avoir subi de nombreuses dévaluations au même titre que le franc CFA et les mœurs dans ce pays. Une atmosphère délétère s’est installée. Des loups, sous prétexte de la famine, dévorent à petit feu l’héritage de leurs propres progénitures. Aujourd’hui, même dans une école publique, on doit payer pour que son enfant soit inscrit pour l’année scolaire, puis payer pour être sûr qu’il accède à une salle de classe le jour de la rentrée à cause de l’effectif pléthorique des élèves versus la capacité réelle d’accueil. On doit également faire les frais d’incessantes nouveautés dans les tenues scolaires imposées et les ouvrages au programme. Une valse des étoffes, formats et éditions qui « engraisse » les « experts » qui les préconisent à coups de commissions dissimulées.

Pendant l’année, on « paye » également pour que son enfant soit assis devant afin de mieux suivre l’enseignement et on paye même pour le transport de l’enseignant dans l’espoir de réduire de moitié le nombre de ses absences. Les jours d’examens, il est impératif de payer pour que son enfant ait le droit de « composer », payer pour que ses copies soient soigneusement corrigées, payer pour que ses résultats soient publiés et enfin payer pour qu’il soit admis. Et que fait-on quand on a « n » enfants à scolariser ? On multiplie cette expérience « n » fois pardi !

Difficile pour les jeunes générations éduquées et instruites dans la laideur de ce système actuel d’iniquités de croire alors qu’il fût un temps, l’école publique était gratuite au Cameroun, un véritable DROIT pour chacun de ses citoyens et le plus grand des DEVOIRS pour chacun de ses dirigeants.

Fantasme devenu rêve, plus qu’une nouvelle année scolaire, il est peut-être encore temps que le gouvernement et ses représentants se ressaisissent et qu’au-delà de faire de grands discours, ils permettent à tous d’effectuer une véritable rentrée, celle vers le droit chemin.

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